Thursday, April 1, 2010

L'obscur objet du hasard

Je me demande encore
Combien de temps faut-il pour vivre
Et combien pour mourir
Combien de temps faut-il pour aimer
Et combien pour haïr
Combien de temps faut-il pour rire
Et combien pour pleurer.

Je me demande encore
Si le temps de vivre
Est-il égal au temps de mourir,
Si le fini de la vie,
Vaut-il l'infini de la mort.

Qu'on ne me parle plus d'amour
Quand je n'entends que haine
Qu'on ne me parle plus de dieu
Quand je n'entends que diable
Qu'on ne me parle plus de rien
Quand je n'entends plus rien.

Je suis las de l'obscur objet du hasard,
Un tissu déchiré contre un visage hagard
Un bâtard pendu à un mât de cocagne
Parti en cavale dans la morne campagne.

Je ne trouve plus l'inspiration des lieux
Aucune raison d'avoir, encore moins d'être
Qui que quoi pourrait encore me sauver

Je suis condamné à vivre
Comme d'autres le sont à mort.
Je n'ai pas le droit de partir.

De ces trois fuites,
De l'art, de l'amour ou de la mort,
Seule la mort serait à ma portée,
Quoique, en y réfléchissant bien,
Je n'y vois aucune différence donnée.

Dans les fracas de mon âme,
J'entends les ruptures du monde
Et dans les silences de mes larmes,
J'entends les fureurs de l'atome.

Je ne demande que la reddition des anachorètes
Et la levée des armes contre la mystique des sages.
L'holocauste sacré des premiers esthètes
N'effacera pas la beauté des terrestres paysages.

Je ne peux que rejoindre les fous
Dans leurs tentatives d'humanité,
Et les ascètes dans leur folie du désert.

Il fait froid comme dans une prison
Par l'étroite lamelle d'une fenêtre à barreaux
Je distingue toute la grisaille du ciel
Et sent l'odeur de la pluie sur le carreau.

©2010 Marwan Elkhoury

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